Adolescents, ils apprennent à créer leur propre entreprise
par Céline Monay, Journal 24heures, décembre 2016 >> Afficher l'article en PDF
De l’élaboration d’un projet à sa mise en place en passant par l’élaboration d’un business plan, des jeunes entre 11 et 18 ans ont la possibilité de s’initier à l’entrepreneuriat grâce au programme extrascolaire « Graines d’Entrepreneurs » proposé dans 5 établissements romands.
Téo a 14 ans et va proposer ses ateliers de pêche « Teofishing » sur le Léman. Ce Lausannois passionné souhaite attirer un public de jeunes à pratiquer cette discipline en proposant des rencontres à la fois ludiques et didactiques autour de la pêche. Pour mettre en place son idée, Téo participe au programme « Graines d’Entrepreneurs ». Tous les lundis après son école à Vennes, il se rend au Collège Champittet à Pully. Au fil des ateliers, il a appris à élaborer son projet, établir un business plan comme le font les adultes désirant lancer leur entreprise.
« Graines d’Entrepreneurs » a été cofondé en 2014 par Laurence Halifi et Nadine Reichenthal qui enseigne l’entrepreneuriat à l'UNIL. Ce programme d’entrepreneuriat et d’innovation pour écoliers de 11 à 18 ans propose des ateliers extrascolaires pour stimuler l’esprit d’entrepreneuriat et l’envie d’innover.
Initialement mis sur pied au Collège de Champittet, il est accessible, depuis septembre 2016, dans 4 autres établissements privés romands, à savoir l’Ecole Moser (Chêne-Bougeries, GE), le Collège du Léman (Versoix, GE), l’Institut International de Lancy (Grand Lancy, GE) et l’école pour enfant à Haut Potentiel Germaine de Staël (Aubonne, VD). « Ces ateliers sont ouverts à tous les jeunes de la région scolarisés ou non dans ces établissements privés »
Innover, entreprendre et communiquer
Une fois par semaine pendant une heure et durant toute l’année scolaire, selon les horaires propres à chaque établissement, les jeunes participent aux ateliers animés par des professionnels formés au programme. Ce dernier est divisé en trois parties : l’innovation, l’entrepreneuriat et la communication.
Les participants commencent par partager leurs idées et échanger. Une première étude de marché pour valider ou adapter les propositions est faite. Place ensuite à un travail en équipe avec l’élaboration d’un business model simplifié. Il s’agit pour les jeunes d’identifier les partenaires potentiels, évaluer les ressources nécessaires et imaginer le marketing. Enfin, chaque groupe expose son business plan finalisé, ses outils de communication et présente son projet au public, le fameux « PITCH » . « Les ateliers et le langage utilisé sont adaptés aux enfants. Nous leur donnons une méthode qui leur explique toutes les étapes clefs pour passer d'une simple idée de départ à la réalisation d’un projet élaboré, explique Laurence Halifi. Ils comprennent que ces étapes sont toujours les mêmes, quelque soient les projets et qu’aucune ne doit être oubliée. A eux de les compléter par leurs propres contenus et idées, avec l’aide de leur coach entrepreneur. »
« Ne pas en faire des Bill Gates en cravate ! »
Découvrir le monde de l’entrepreneuriat à 11 ans, n’est-ce pas trop tôt ? « Pas du tout, assure Laurence Halifi. L’objectif est de leur donner l’envie d’entreprendre, de concrétiser un jour les idées qui leur tiennent à cœur. Ils ne deviendront pas forcément entrepreneur mais auront tous développé un état d’esprit et des capacités clefs pour leur vie professionnelle ».
Au Collège Champittet, le programme suscite un vif intérêt. Vingt-cinq jeunes ont participé en 2015 et ils sont une vingtaine cette année. « Le but n’est pas d’en faire des Bill Gates en cravate ! », lance le directeur Philippe de Korodi. Séduit d’emblée par le projet, il a suivi de près les ateliers : « L’évolution est surprenante. Les jeunes ont davantage confiance en eux. Ils s’expriment avec plus d’aisance. Ils se sentent considérés et ont pris conscience qu’ils peuvent avoir un impact sur les choses autour d’eux ».
Même son de cloche à l’école Moser. « Ce programme est en parfaite adéquation avec la culture entrepreneuriale de l’école, souligne le directeur Alain Moser. Ces ateliers permettent de se confronter, avant l’Université ou la vie professionnelle, à ce que signifie développer un projet dans un esprit d’entrepreneur ».
Bien que mis sur pied dans des écoles privées, « Graines d’entrepreneurs » est ouvert à tous, sous réserve de places disponibles. Il coûte entre 300 et 350 francs par trimestre selon les établissements. Vu le succès, plusieurs écoles pourraient proposer ce programme notamment à Yverdon, Martigny (VS) ou encore Fribourg et Neuchâtel.
Plus d’informations : www.grainesentrepreneurs.com
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