NADINE REICHENTHAL
co-fondatrice et responsable du contenu pédagogique
Après une longue carrière dans des entreprises multinationales et locales comme experte en optimisation de Business Process et gestion de projets internationaux, Nadine Reichenthal est devenu responsable de formations d'entrepreneurs pour les startups, hautes écoles et universités. Elle enseigne l'entrepreneuriat à HEC, EPFL, UNIL, AISTS, IDIAP... Elle est également coorganisatrice des startups weekend et apero entrepreneurs en Romandie, et préside le Club des femmes entrepreneurs. En savoir plus
HELEN GAILEY
Coach in charge of english workshops
Trilingual Executive, with particular experience in luxury goods, services and property. Entrepreneurial, with excellente negotiation skills, worked in Paris, Geneva, Madrid, and travelled extensively. Experience of business start-up, developement, growth & sales. Proficient in digital technology and social platforms. Background with international brands, in operational marketing, Travel Retail, product development and sales training. En savoir plus
LAURENCE HALIFI
co-fondatrice, direction de l'opérationnel en Suisse et international, coach référente
Maman d'élèves, Entrepreneure et Administratrice de sociétés, porte parole et membre du comité du Cercle Suisse des Administratrices, membre Femmes Digital SR, past Présidente du strategic board de VIGISWISS, past Présidente du Groupement des Jeunes Dirigeants VD, En savoir plus
ALEXANDRE PEYRAUD
Coach Genève
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Fondation, administration et direction de Startups dans les domaines Informatique, Internet, jeu-vidéo et finance.
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Conseil, formation, coaching, analyse et gestion d’investissements dans le domaine des Startups.
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Forte connaissance de tous les outils de marketing dans l'innovation. Communication et gestion de communauté dans le loisir, avec une expérience marquée dans des jeux en ligne
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Projets ou des réalisations attenant aux univers fantastiques médiévaux-fantastiques et science-fiction en relation ou non avec les jeux-vidéos.
NATHALIE BOTTOLIER LAFOSSE
Coach
Journaliste de formation, cette spécialiste du Marketing, du Digital et du Business Development a plus de 20 ans d’expérience professionnelle dans des industries diverses en tant que manager ou bras droit de CEO.
Après avoir cofondé et lancé plusieurs start-ups internet dans les années 2000, Nathalie dirige depuis sa propre société de conseil et lance en 2017 une nouvelle entreprise dans le domaine du développement durable.
Egalement maman de 2 enfants, En savoir plus
CARLOS MARTINEZ
Coach
Coach pour entrepreneurs à la promotion économique de Catalogne. Ancien directeur de l'espace startup de la promotion économique de Barcelone. Business analyst au centre européen d'evolution économique. Rédacteur indépendant. En savoir plus
COACHS, JUNIOR COACHS,
MENTORS ENTREPRENEURS ET EXPERTS
La liste des personnes qui sont amenées à
- coacher les jeunes et leurs projets,
- intervenir comme experts,
- partager leurs parcours d'entrepreneurs,
- transmettre leurs meilleures pratiques professionnelles...
... serait beaucoup trop longue depuis près de 10 ans d'activités... Nous remercions chacune d'elle pour leur investissement et engagement! Quelle belle aventure...
Nous remercions tout l'écosystème entrepreneurial académique, les réseaux d'entrepreneurs et dirigeants, et les réseaux d'innovation, pour leur temps et leur passion à transmettre aux nouvelles générations, à nos cotés.
Pourquoi avoir créé un programme d'entrepreneuriat pour les écoliers ?
Interview de Nadine Reichenthal, par Mathieu Hoffstetter du magazine Bilan
Imaginer sa future startup à 12 ans? Comme l'affirme l'adage, «il n'y a pas d'âge». C'est l'idée qu'ont eue Laurence Halifi et Nadine Reichenthal. La première est maman d’élève et est très impliquée dans la scène entrepreneuriale romande. La seconde donne des cours d'entrepreneuriat à HEC Lausanne et accompagne depuis 10 ans les startupers romands. Sous leur impulsion et avec le soutien de la direction du collège, le programme «Graines d'Entrepreneurs»a été mis en place depuis la rentrée sur le campus du collège Champittet et accueille tous les élèves motivés de la région, scolarisés ou non au collège.
Pour Nadine Reichenthal, la rencontre avec ce nouveau public constitue un défi pour elle mais aussi une opportunité de mettre en place très tôt chez les jeunes générations l'envie d’entreprendre un projet, quel qu’il soit,, d’en comprendre les enjeux, les défis, les impacts, le vocabulaire et le sens de cet univers. Pour Bilan, elle détaille ce projet et explique ce qu'elle en attend.
Bilan: Comment est né le programme Graines d'entrepreneurs?
Nadine Reichenthal: Tout est venu de Laurence Halifi, dont l'enfant est scolarisé au collège. Pour certains enfants, le cursus scolaire traditionnel fait courir le risque de déboucher sur des phases d'ennui ou de démotivation, et ce, malgré, leurs capacités. Comme tous les parents, elle souhaite que son enfant aille le plus loin possible dans les études et évite l’échec scolaire. Elle s'est alors posée la question de rendre l'école plus motivante et concrète, en expliquant aux enfants à quoi leur servira ce qu’ils apprennent à l'école, en donnant à chaque élève un sens pratique aux matières enseignées, de l'algèbre à la géographie. Ce que l’on réalise souvent trop tard, une fois sa vie professionnelle entamée… Elle m'en a parlé et nous nous sommes dit que l’élaboration de projets initiés par les enfants était la meilleure manière de les motiver. Ces projets transversaux décloisonnent les matières scolaires et ouvrent au monde réel en impliquant un maximum de sujets et d’interlocuteurs.
De mon côté, comme je donne déjà des cours d'entrepreneuriat à HEC Lausanne, je me suis dit que c'était bien de sensibiliser les jeunes le plus tôt possible. En effet, il faut éviter que l’école engendre des cadres et des employés, manquant de vision globale ou ne sachant pas prendre des initiatives. Elle doit plutôt aider les futurs entrepreneurs à se révéler et former les autres à devenir «intrapreneurs», dans les entreprises qu’ils intègreront. Au collège, nous pouvons les atteindre dès douze ans, ils ne sont pas encore formatés. Tous doivent comprendre comment on entreprend un projet de l’idée jusqu'à la réalisation, que ce soit un projet personnel, professionnel ou communautaire. En outre, en les confrontant tôt au monde de l’entreprise, nous leur apportons une meilleure visibilité pour choisir leur orientation professionnelle.
Concrètement, comment se déroule ce programme?
Le programme Graines d'Entrepreneurs se déroule de septembre à juin, au cours d’un atelier pratique d’une heure par semaine après les cours, pendant lequel les élèves travaillent sur leurs propres projets de création. Coachés de A à Z, les élèves simuleront toutes les étapes d’une création d’entreprise. Cette année, les ateliers ont lieu en exclusivité sur le campus Champittet mais sont ouverts à tous les élèves de la région. Notre volonté étant de les étendre l’année prochaine aux écoles privées ou publiques qui ont de nombreuses demandes de parents pour ce type d’enseignement complémentaire.
Une semaine sur deux, nous étudions un concept spécifique qui sera illustré par le cas concret d'une recente startup romande, Foodcampus, dont le fondateur a dû expérimenter toutes les étapes et franchir les défis de la création d'entreprise. L’autre semaine, les élèves l’appliquent sur leurs projets personnels. Des entrepreneur-e-s et des expert-e-s viendront régulièrement partager leurs expériences et coacher les élèves sur la modélisation de leurs projets. L'objectif est d'avoir quatre projets par classe d'âge, en formant de petites équipes qui vont travailler ensemble, de façon ludique et interactive tout au long de l'année. A la fin, ils auront entre les mains un dossier complet avec une vue à 360° de leur projet, qu’ils pourront ensuite continuer à enrichir pendant leurs études.
Le programme Graines d'Entrepreneurs a entre autres germé sur les outils "Value Proposition Design" et "Business Model Canvas" élaborés à l'Université de Lausanne, par Yves Pigneur et Alex Osterwalder. Ils permettent de détailler l’ensemble des étapes et données importantes auxquelles il faut penser pour mener à bien tous types de projets. Dans l’atelier, toutes les étapes de validation de la proposition de valeur, du modèle d’affaires, du business plan seront étudiées et appliquées, tout en simplifiant bien sûr la démarche et le vocabulaire utilisé. Par exemple, l'étude de marché se tiendra le 26 septembre: nous profiterons d'une journée sportive au collège Champittet qui sera ouverte aux familles pour que les élèves de l’atelier confrontent leurs idées en live. Au cours de cet exercice, les élèves s'essaieront aux questions «Who to ask?» et «What to ask?», et dès le 28 septembre nous saurons s'ils ont pivoté leur projet ou s'ils ont été confortés par cette étude de marché.
Finalement, Graines d'Entrepreneurs pourrait être vu comme un Startup Weekend sur une année. Comme leurs aînés, voici quelques jours ils ont pitché devant leurs camarades, avant de voter pour les projets les plus intéressants. C'est ce qui permettra de former de petits groupes qui vont travailler ensemble tout au long de l'année. Et j'ai été agréablement surprise par la diversité de leurs idées qui allaient de la prise en charge de la solitude des personnes agées jusqu'aux voitures électriques.
Comment le collège et les professeurs sont-ils intégrés au projet?
Nous avons eu le soutien de l'établissement très vite: le projet a été accepté en commission dès le début 2014. L’arrivée de Philippe de Korodi, le nouveau directeur, a accéléré sa mise en place. Champittet s'est même engagé à financer et implémenter certains projets sur le campus s'ils présentent un intérêt pour l'école.
Du côté des enseignants, il y a eu un dialogue dès le départ: eux évoquent leur programme et les contenus pédagogiques qu'ils transmettent pendant leurs cours, et nous discutons avec l’ensemble des enseignants pour voir comment les intégrer à nos rendez-vous. Ainsi, nous utilisons les mathématiques pour établir le budget ou les cours d'économie pour aborder divers points. Les professeurs d’économie ont tous été impliqués dans la méthode car ils pourront être amenés à coacher des élèves sur les projets.
Nous allons aussi aborder les questions éthiques, sociales et environnementales. Ainsi, je vais leur présenter le cas de carottes à acheter. Ils devront envisager les différentes options : soit auprès d'un producteur local à un prix élevé mais un coût de transport faible, soit auprès d'un producteur à l'autre bout de l'Europe avec le transport en surcoût et réfléchir à l'impact environnemental et sociétal. Nous voulons les amener à réfléchir sur tous ces points.
Enfin, il y a aussi les parents, et anciens élèves entrepreneurs qui seront impliqués dans les projets: nous attendons d'eux qu'ils apportent leurs savoirs dans les domaines concernés. Graines d’Entrepreneurs renforce la communauté de l’école en créant un dialogue décloisonné, transgenerationnel.
En quoi cela vous change-t-il de vos publics habituels?
Évidemment il y a la différence d'âge: à HEC, ce sont des étudiants déjà adultes qui en sont à l'étape universitaire de leur cursus. A l’école, ils ont six à dix ans de moins. Mais on sent déjà une curiosité et une volonté très marquées chez ces jeunes adolescents. Leur créativité est beaucoup plus riche et disruptive car ils rêvent encore, ils ne freinent pas leur imagination par des contraintes de faisabilité. Bien sûr, je dois adapter mon discours. Mais il y a certains outils développés et étudiés à l’université qui sont tellement simples et efficaces qu’ils servent aussi pour les plus jeunes. Il suffit de leur donner des outils qu'ils comprennent et de détailler plus longuement certaines notions avec des illustrations concrètes. Ainsi, pour leur expliquer la différence entre le marketing pull et le marketing push, je leur demande si ils veulent de la boisson que je leur offre ou si ils préfèrent que je leur demande plutôt ce qu’ils souhaiteraient boire.
Mais l'idée n'est pas de transformer ces adolescents en patrons d'entreprises, c’est avant tout l’esprit d’entreprendre que nous voulons leur communiquer. Des études outre-Atlantique montrent que les élèves ayant suivi des cours d’entrepreneuriat au collège, sont 35% de plus que les autres à suivre des études supérieures, car cela leur donne une meilleure visibilité et une plus grande confiance en eux. Après leurs études, ils deviendront soit des entrepreneurs soit des intrapreneurs capables d’initiatives dans les entreprises qu’ils intègreront. Il s'agit davantage de leur donner des clefs pour avoir une vision globale, mieux comprendre leur environnement, de les inciter à lancer des projets et à les lancer intelligemment, avec une démarche responsable et positive. Comprendre comment entreprendre : une méthode et des automatismes qu'ils pourront adopter dans leur vie professionnelle comme personnelle.
De notre côté, nous serions très fiers de contribuer à créer un écosystème de l'entrepreneuriat suisse dès le plus jeune âge. A terme, nous souhaiterions que ce programme suisse devienne un standard pour l’enseignement de l’entrepreneuriat à l’école. L'idée, c'est de contribuer par cette action à un cercle vertueux stimulant qui continuera à l’université et dans les centres de formation. Là, nous avons la chance de mettre sur pied un climat favorable à l'entrepreneuriat junior: ces jeunes ont la chance de se créer eux-mêmes leurs opportunités d'avenir.